DDI : l’interministérialité monoministérielle !
Partant du projet de fusion budgétaire entre les programmes 333 et 307 – devant être acté seulement en loi de finance 2020 ! – voici que les apprentis sorciers en mécano techno-administratif bouleversent le fragile équilibre du pilotage des services territoriaux de l’État issu de la RéATE de 2010.
Matignon étant visiblement fatigué de devoir piloter les directions départementales interministérielles, ainsi que les secrétariats généraux aux affaires régionales, il en confie les clés au seul ministère de l’Intérieur, comblant en cela l’appétit exprimé par son ministre devant les Préfets le 17 janvier dernier.
Tellement fatigué qu’il n’attend même pas la confirmation de la fusion budgétaire 333/307 pour mettre en œuvre le transfert de ses services et de ses attributions.
Un décret daté du 26 avril 2019 modifie ainsi l’organisation de l’administration centrale du ministère de l’Intérieur. Les attributions de la direction de la modernisation et de l’action territoriale et de la direction des ressources humaines sont ainsi revues en conséquence, avec :
– modification des attributions de la direction de la modernisation et de l’action territoriale (DMAT) et de la direction des ressources humaines (DRH) du ministère de l’Intérieur afin de leur attribuer la gestion des personnels des services déconcentrés de l’État (les personnels des directions départementales interministérielles, les DDI, notamment), jusqu’ici assurée par Matignon.
– intégration dans ses compétences du pilotage des moyens de fonctionnement mutualisés des services déconcentrés départementaux et régionaux (une prise en main des directions régionales ministérielles est donc bien prévue!), ainsi que de la gestion et le management des directeurs d’administration territoriale de l’État, ainsi que l’animation de leurs réseaux.
– la DRH assurera la gestion et le management des personnels portés actuellement par le programme 333 (y compris les SIDSIC et les futurs SG locaux fusionnés), à l’exception de ceux dont la gestion et le management seront assurés par la DMAT, c’est-à-dire le management.
Si, comme FO en a obtenu l’engagement du SGG, les arrêtés de nomination sur les emplois fonctionnels (DDI et SGAR) pourront “rester signés par le Premier ministre”, personne n’est naïf quant à l’influence de celui qui prépare et instruit les actes ! Quelques années après la création des SIDSIC, 90% des postes de responsables sont aujourd’hui détenus par des agents du ministère de l’Intérieur.
Et tout ceci est bien entendu très cohérent avec la création à marche forcée de secrétariats généraux communs entre DDI et Préfecture, ou avec la publication de nombreux postes de chargés de missions en SGAR chargés de la « mutualisation ».
Si FO refuse de rentrer dans les luttes de pouvoir ayant dicté ces décisions précipitées, FO pointe qu’elles auront un effet palpable dans la durée, attaquant une nouvelle fois la capacité de portage technique et opérationnel des services de l’Etat au niveau territorial.