Tous à Paris le 6 mars 2008
Parce que ce qui suit pourrait bien être notre futur proche…Pour nos emplois
– L’Etat confie son ingénierie opérationnelle au privé ; il n’a donc plus besoin d’ingénieurs. Je suis placé en disponibilité d’office…
– L’Etat transfère massivement ses agents aux collectivités locales, moyennant une compensation financière dégressive sur 5 ans ; à ce terme la collectivité n’a pas les moyens financiers d’intégrer tout le monde… Conséquence : je suis placé en disponibilité d’office, ou encore je subis la baisse globale du régime indemnitaire de ma collectivité…
– Le MEDAD « dégraisse » de 30 000 agents sur 3 ans, parmi lesquels les 2/3 de ses ingénieurs. Etant un bon ingénieur, on me propose une situation de réorientation professionnelle pour occuper ensuite un emploi administratif, ce que je ne souhaite pas. Je suis donc placé en disponibilité d’office ou on m’offre un départ volontaire…
– Mon service est transféré dans une agence qui, pour des raisons d’économies, préfère recruter en CDD un jeune ingénieur, pour réaliser la mission qui est la mienne. Je bénéficie donc du droit à l’allocation chômage voté en février 2007…
Pour nos statuts
– L’Etat cesse de recruter des fonctionnaires et ferme donc ses écoles : mon diplôme d’ingénieur de l’ENTPE n’est plus reconnu sur le marché du travail…
– Mon préfet, seul chargé de la modulation de mes primes, considère que certains de mes collègues ne l’embarrassent pas avec des considérations techniques qui le freinent dans ses décisions. Il m’attribue donc un coefficient de modulation individuel de 0,80…
– Mon préfet, seul compétent pour décider des mobilités selon un cycle annuel unique, estime, par comparaison avec les usages dans sa préfecture, que 5 ans d’ancienneté sur mon poste ne sont pas suffisants. Il refuse donc ma mutation pour la 3ème année consécutive… et je ne peux présenter aucun recours à la CAP, les instances paritaires ayant toutes été supprimées…
– Il n’y a plus de statuts par corps, mais seulement des cadres d’emplois et des emplois fonctionnels ouverts à tous pour les fonctions de direction. Faute d’un contingent d’emplois suffisant, mon préfet m’annonce ne pas pouvoir me nommer sur un de ces emplois…
Pour le service public du MEDAD
– Il n’y a plus d’ingénierie publique, pas même de solidarité, ni de RST. Les petites collectivités n’ont plus les moyens de financer leurs infrastructures, l’Etat n’investit plus dans les nouveaux réseaux, les réseaux existants se dégradent rapidement. La France perd un avantage compétitif…
– Dans le domaine de l’écologie, l’Etat se replie sur des missions purement régaliennes. Les industriels se chargent de leur auto-contrôle et contournent la réglementation sans que l’Etat ait les moyens de s’en rendre compte. Les milieux se dégradent dramatiquement, amenant l’Union Européenne à sanctionner la France…
– L’Etat confie la politique de l’urbanisme aux communautés d’agglomération et la construction de logements à des opérateurs privés. Les quotas de logements sociaux ne sont jamais respectés, les prix flambent, seuls les ménages les plus solvables réussissent encore à se loger… les banlieues s’embrasent…
– L’Etat s’est défait de ses moyens propres d’intervention et doit faire appel à des entreprises privées, qui ne dimensionnent pas leurs moyens en fonction des situations exceptionnelles. L’Etat n’a plus les moyens techniques ni le temps de finaliser des relations contractuelles avec ces entreprises. C’est la pagaille à chaque situation de crise, même minime, qui coûte très cher d’abord à l’usager, puis au contribuable…
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Tout ceci n’est encore qu’hypothèses… Mais elles ne sont basées que sur l’analyse des textes et décisions en cours de préparation. Les projets publiés en attestent, il suffit de prendre le temps de les lire. De la RGPP, à la loi « mobilité », en passant par les projets de l’Intérieur, c’est une révolution de la fonction publique qui se prépare et, surtout, une mise en coupe réglée du projet du MEDAD, pourtant passionnant et porteur d’avenir pour le pays.
_ Le SNITPECT n’a jamais refusé les réformes et les réorganisations ; il les a même souvent précédées. Mais il y a une différence entre réorganisation et destruction !